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Pauvreté des personnes âgées : une honte dans notre pays riche !

Laurence Fehlmann Rielle
Conseillère nationale

Le Parti socialiste a pour objectif de lutter contre la baisse du pouvoir d’achat qui affecte la population suisse : primes d’assurance-maladie excessives qui vont encore augmenter cet automne, loyers élevés, coût de l’énergie, etc.

Dans ce sombre tableau, il ne faut pas oublier les personnes à la retraite qui n’arrivent pas à vivre avec leur seule rente AVS. Les femmes sont une fois de plus désavantagées car ayant eu de plus petits salaires au cours de leur vie, elles se retrouvent « logiquement » avec de plus maigres retraites. Un tiers d’entre elles n‘ont pas pu cotiser au deuxième pilier car elles n’avaient pas le salaire suffisant. A cela s’ajoute le fait que les couples mariés ne reçoivent que le 75% de leur rente et non chacun une rente pleine.

La réforme de l’AVS acceptée de justesse l’an dernier va obliger les femmes à travailler un an de plus alors que tant d’inégalités subsistent encore, à commencer par les inégalités salariales qui ont même tendance à se creuser. 

Pour les hommes, il est également injuste de vouloir augmenter l’âge légal de la retraite comme le prévoit une initiative des Libéraux-Radicaux sans tenir compte de la pénibilité des emplois. Il est établi qu’un homme de 30 ans avec un niveau de formation se limitant à la scolarité obligatoire, a une espérance de vie de quatre ans moins élevée qu’un homme du même âge au bénéfice d’une formation tertiaire.

Une étude zurichoise montre qu’heureusement la majorité des Suisses et des Suissesses jouissent d’une situation financière acceptable, voire confortable au moment de la retraite. Néanmoins, cette image est ternie par le fait qu’en 2022, 14% des personnes vivant en Suisse disposaient de moins de 2’279 francs par personne et par mois. Elles sont donc considérées comme pauvres. Parmi elles, 300’000 personnes sont à la retraite.

Ces dernières peuvent bénéficier de prestations complémentaires fédérales et/ou cantonales. Mais la réglementation impose que lesdites prestations complémentaires ne soient pas octroyées automatiquement aux personnes qui en ont besoin mais doivent être demandées. Or, Pro Senectute – Genève a constaté qu’entre 5’000 et 25’000 seniors vivraient dans une grande précarité à Genève. Nombreuses sont les personnes qui auraient droit à ces prestations mais qui n’en font pas la demande. Plusieurs explications sont avancées : soit, ces personnes ne connaissent pas leurs droits, soit les démarches administratives sont trop compliquées. Une autre explication est à rechercher dans la honte qu’auraient ces personnes à les demander.

Il est donc indispensable de simplifier les démarches administratives et de prévoir une information large et non stigmatisante sur la possibilité d’obtenir ces prestations.

Rappelons l’initiative du Parti socialiste suisse et des syndicats pour une 13e rente AVS pour tout le monde. Cette initiative a été refusée par les chambres fédérales au motif qu’elle coûterait trop cher et elle sera soumise au vote populaire en début 2024.

Il faut inlassablement expliquer que l’AVS est une assurance robuste, qu’elle a résisté à l’augmentation du nombre de retraité-es et à l’allongement de la durée de vie. Ce phénomène s’explique par l’augmentation de la productivité qui a permis un renchérissement des salaires et donc une augmentation des cotisations. S’il est vrai qu’il faut enforcer l’AVS pour absorber les personnes de la génération du babyboom, il s’agit d’une période d’environ 15 ans après laquelle la situation se stabilisera. Le taux de cotisation salariale n’a été relevé que très récemment, avec le projet RFFA. Il a passé de 8,4 à 8,7%. C’est une bonne mesure qui met à contribution les employeurs et est plus équitable puisqu’elle touche peu les petits salaires mais beaucoup les hauts salaires. Une augmentation de ce taux est un moyen plus sain de remplir les caisses de l’AVS que de faire travailler les gens des années supplémentaires.

L’AVS est une institution majeure de notre système qui repose sur la solidarité et qu’il faut soigner, et ce d’autant plus que l’on célèbre ses 75 ans cette année.

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