Après le choc, après la résignation, après une année où l’accès à la culture fut pour le moins rarissime, que nous réserve 2021 ?
Malgré la pandémie et les courbes des nouvelles infections qui stagnent, les Suisse-sses peuvent skier, s’acheter du vernis à ongle ou des meubles à monter soi-même, mais la fermeture est maintenue pour les lieux de culture et les restaurants. La loi du marché s’impose, implacable, jusque dans les mesures choisies pour faire face à la pandémie : consomme et tais-toi.
Ces choix ont au moins le mérite de signifier clairement quelles sont les valeurs de notre société marchande ! Décréter que consommer des biens est plus essentiel que « consommer » de la culture me plonge dans la perplexité et fait naître une grande inquiétude. Une société sans culture, sans éducation, vire au chaos ou bien pire.
De cette première blessure, politique et intellectuelle, en découle une autre tout aussi fondamentale, l’inadéquation des moyens mis en place par la Confédération pour aider toutes les personnes dans l’impossibilité de travailler.
Comment accepter qu’il manque des moyens à la Confédération au moment ou la BNS annonce un bénéfice d’environ 21 milliards en 2020 ? Comment accepter la frilosité des partis bourgeois à ouvrir les vannes pour aider les entreprises, toutes les entreprises, touchées par la crise ? Comment accepter le refus de grands groupes d’assurance d’octroyer des baisses de loyers à leurs locataires commerciaux ?
Comme le réclame le Parti socialiste à tous les échelons politiques du pays, il faut des indemnités complètes (RHT à 100% et prise en charge des charges sociales de l’employeur, paiement des frais fixes, prolongation des indemnités chômage, etc), plus rapides et facilitées.
Garder jalousement, dans un réflexe totalement absurde des réserves pour après est une insulte crachée aux visages des travailleur-euses de tous les milieux concernés, pas seulement culturels !
Sans art, sans culture, et si des aides rapides ne viennent pas colmater l’hémorragie des faillites qui se succèdent dans les domaines culturels et gastronomiques, entre autres, j’ai peur qu’il ne nous reste comme fenêtre sur le monde qu’un ordinateur et que notre capacité de vivre ensemble en soit profondément et durablement atteinte.
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