Après plusieurs semaines à arpenter les rues du canton, un large comité référendaire, composé d’associations, de partis et de syndicats a récolté les signatures nécessaires à l’aboutissement du référendum contre la hausse des tarifs TPG. 7936 signatures ont été déposées aujourd’hui pour s’opposer à la « sortie des tarifs TPG de la loi », une manœuvre par laquelle le Conseil d’État pourrait fixer librement les prix des transports publics, sans possibilité de lancer le référendum.
Reprendre d’une main ce qu’on vient d’accorder de l’autre : c’est en effet la stratégie adoptée par la majorité du Grand Conseil ce printemps. D’un côté, le législatif a accordé la gratuité des transports publics pour les moins de 25 ans en formation et le demi-tarif aux retraité-es. De l’autre, il a voté la liberté pour les TPG et le Conseil d’État d’augmenter les tarifs sans possibilité de référendum populaire. Que va-t-il donc se produire ? Il a clairement été dit lors des débats au Grand Conseil que le but de la manœuvre était d’augmenter les prix, sans possibilité de s’y opposer. Autrement dit, selon les partisan-es de cette loi, les adultes doivent passer à la caisse pour payer la gratuité pour les jeunes et le tarif réduit pour les seniors! Le rabais de 50% proposé aux retraité-es sera lentement mais sûrement grignoté par l’augmentation générale des tarifs. C’est d’autant plus absurde que la catégorie des actifs-ves est souvent aussi celle qui recourt le plus à la voiture pour ses déplacements et qu’il faudrait justement encourager au transfert modal. Augmenter les tarifs pour les 25-65 ans aurait aussi pour conséquence d’augmenter « l’effet de seuil » après 24 ans : décourager le recours aux TPG alors même que les jeunes prennent des habitudes pour leur mobilité dans leur vie active (permis, acquisition ou non d’un véhicule, etc.) serait un très mauvais signal.
L’aboutissement de notre référendum est un pas important pour faire respecter une volonté populaire déjà exprimée à plusieurs reprises dans les urnes par les citoyen-nes genevoises, et qui ne plaît pas à la majorité parlementaire ! En effet, en 2010, dans le contexte d’augmentations répétées des tarifs des billets et abonnements TPG, une initiative populaire avait été lancée et approuvée par le corps électoral en 2013 à 56 % des voix. Le texte fixait dans la loi les prix du billet unitaire et de l’abonnement annuel afin qu’ils restent relativement bon marché.
Grâce à la garantie donnée par l’acceptation de cette initiative, la population a pu s’exprimer démocratiquement sur une augmentation des tarifs TPG en 2017. Le peuple a refusé cette hausse, confirmant alors son souhait de maintenir les tarifs abordables. Aujourd’hui, la droite refuse de prendre acte de la volonté populaire : elle souhaite pouvoir augmenter les tarifs sans que le corps électoral ne puisse s’y opposer.
Reprendre d’une main ce que l’autre vient de donner est injuste vis-à-vis de la population, ce d’autant plus que la situation financière actuelle du Canton de Genève est excellente. Alors qu’il est question de baisses d’impôts massives pour les plus riches, il est inacceptable de faire pression sur le pouvoir d’achat de la classe moyenne en augmentant grandement les tarifs des transports publics.
Nos actions de récolte nous ont permis de constater l’attachement de la population genevoise à des transports publics abordables. Pour favoriser les transports publics, la tarification est un aspect central, surtout dans une période où les salaires sont lentement mais sûrement grignotés par l’inflation. Pourtant, la droite l’a affirmé pendant les débats, le but est d’augmenter les tarifs. Or, le plan climat cantonal à Genève vise une réduction de 40% du trafic motorisé et la loi suisse pour la protection du climat acceptée par 74,5% des genevois en 2023 prévoit une diminution de –57% des émissions des transports d’ici 2040. Rendre la mobilité durable plus onéreuse va à l’encontre du bon sens que nous commande l’urgence climatique.
Nous souhaitons remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué à l’aboutissement de ce référendum.
Pour plus d’informations :
- Matthieu Jotterand, Parti socialiste genevois
- Marjorie de Chastonay, Les Vert·e·s
- François Baertschi, Mouvement citoyens genevois
- Teo Frei, SolidaritéS
- Pablo Cruchon, Union Populaire
- Steven Tamburini, AG!SSONS
- Guilhem Kokot, PLACAGE
- Thibault Schneeberger, actif-trafiC