Le Grand Conseil a discuté de l’initiative de l’Alternative et des syndicats visant le prélèvement, pendant 10 ans, d’une contribution de 2,5‰ sur les fortunes de plus de 3 millions afin de faire face à la crise sociale et climatique majeure que nous traversons. Les débats ont été particulièrement agités, la droite étant vent debout contre cette mesure de solidarité. Pour sa part, le groupe socialiste s’est attaché à défendre la légitimité de cette initiative qui tombe à point nommé, l’inflation atteignant presque 3% et des augmentations massives de charges ayant déjà été annoncées de toute part (électricité, mazout, assurance-maladie, etc.). Alors qu’une part croissante de la population craint les fins de mois « dans le rouge », force a été de constater que la droite s’entête dans un clientélisme navrant, au service d’une ultra minorité de privilégié-es qui ne supporte pas l’idée d’une plus grande redistribution des richesses. Rappelons en effet que l’initiative propose un triplement des déductions sociales sur la fortune afin de ne pas toucher les PME, les indépendant-es et autres petit-es épargnant-es ; ce ne sont donc pas elles et eux que les partis de droite défendent, mais bien les fortunes les plus grosses, accumulées notamment sur les marchés financiers et de l’immobilier. D’ailleurs, tandis que le positionnement du Conseil d’Etat sur cette initiative était rappelé, indiquant qu’il la jugeait opportune tout en souhaitant en réduire la durée de 10 à 5 ans, la Conseillère d’Etat PLR Nathalie Fontanet a tenu à prendre la parole pour faire expressément entendre son désaccord personnel, rompant par là même la collégialité qui prévaut normalement au sein du gouvernement…
L’initiative a été renvoyée en commission fiscale, où elle sera traitée dans les semaines à venir.
Fiscalité toujours, l’initiative « Contre le virus des inégalités… Résistons ! Supprimons les privilèges fiscaux des gros actionnaires », qui vise à taxer à 100% (contre seulement 60 à 70% actuellement) les dividendes des actionnaires détenant plus de 10% des parts d’une société, a été balayée avec la même arrogance. Là encore, les Socialistes ont défendu un rééquilibrage fiscal bienvenu, au profit des classes moyenne et populaire qui paient le prix fort des crises successives. Ils et elles ont rappelé que seules seraient visées par cette initiative 1’600 personnes qui se partagent aujourd’hui un gâteau de près d’1 milliard de francs de dividendes chaque année, soit en moyenne 50’000 francs par mois et par personne. 60% des PME ne déclarant pas de bénéfice, elles ne seraient aucunement impactées en cas d’entrée en vigueur du texte.
Rejetée à 61 voix contre 30 (et 6 abstentions vertes), l’initiative sera soumise au peuple prochainement et le PS se réjouit de mener campagne en faveur d’une fiscalité plus juste.
Lire le rapport de la commission fiscale