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La droite s’en prend aux salaires du personnel de la petite enfance !

Session des 22 et 23 juin 2023

Avec l’appui de l’UDC, du Centre et du groupe LJS, le PLR est parvenu à faire voter un projet de loi autorisant les crèches privées à ne pas respecter les conditions salariales minimales actuellement en vigueur dans le secteur de la petite enfance. Les Socialistes ont manifesté leur vive opposition à cette attaque frontale des usages et à cette dégradation annoncée des conditions de travail et des prestations délivrées dans un secteur aussi sensible que celui de la prise en charge de très jeunes enfants. A plusieurs reprises, le groupe a tenté de surseoir au vote de ce projet de loi – hélas, en vain.

Genève connaît actuellement une situation de pénurie importante dans le secteur de la petite enfance. Au-delà d’un nombre de places en crèche trop faible pour répondre à la demande des parents, nous manquons de personnel formé dans ce domaine. Face à cette situation, que propose la majorité de droite ? De s’en prendre aux conditions salariales des professionnel-les de la branche !

Pour les Socialistes, cela est évidemment inacceptable. Le groupe en a appelé au respect des accords négociés au niveau paritaire, CCT et usages, qui prévoient notamment que les éducateurs et éducatrices de la petite enfance sont payées CHF 36,27 de l’heure, les assistant-es socio-éducatifs (ASE) CHF 29,92 et les auxiliaires entre CHF 29,02 et CHF 32,64 – là où la droite entend permettre l’embauche de toutes ces personnes au salaire minimum, soit 24 CHF de l’heure.

Il n’est évidemment pas question de contester la nécessité de créer de nouvelles places de crèche, qui manquent cruellement à Genève où l’offre ne permet pas de combler l’ensemble des besoins. Mais s’en prendre aux usages et tirer les salaires vers le bas n’est clairement pas la solution !

Les professionnel-les de ce secteur, en accompagnant de très jeunes enfants dans la phase décisive que représentent les premières années de leur vie, remplissent une mission fondamentale au sein de notre société. Il est impératif qu’elles et ils soient correctement formé-es et donc rémunéré-es en conséquence.

Il s’agit en outre d’un corps de métier encore très largement féminin, et à ce titre, peu valorisé socialement. Il y a quelques jours encore, à l’occasion de la grève féministe du 14 juin, les femmes de tout le pays faisaient entendre dans la rue leurs revendications en matière de revalorisation de professions comme celle-ci, qui ne sont toujours pas reconnues à leur juste valeur.

Comme l’ont encore rappelé les Socialistes lors du débat en plénière, le salaire minimum a été instauré pour permettre de protéger les salarié-es des secteurs hautement précarisés, certainement pas comme objectif pour ceux dans lesquels des salaires plus élevés sont pratiqués.

Outre l’inégalité de traitement que cette loi introduit (entre professionnel-les d’une même branche et à qualifications identiques), c’est un véritable nivellement par le bas qui menace, avec une dégradation à terme des conditions de travail du personnel, voire du niveau de qualification, et in fine des prestations offertes à nos enfants.

Même le Conseil d’État, par la voix de la nouvelle Cheffe du Département de l’instruction publique (DIP), la PLR Anne Hiltpold, s’est dit «mal à l’aise» avec ce projet de loi… Le groupe socialiste a eu beau insister pour demander le retour en commission de ce projet, afin que l’ensemble des nouveaux et nouvelles député-es puissent entendre le préavis – clairement défavorable – du Conseil de surveillance du marché de l’emploi, la majorité de droite a choisi de passer en force et est parvenue à s’imposer avec le soutien hasardeux du groupe LJS.

En s’en prenant aussi frontalement aux usages et aux conditions salariales négociées par les représentant-es du personnel, le parlement met le doigt dans un engrenage très dangereux… Après le personnel de la petite enfance, à qui le tour ? Les Socialistes ne laisseront pas la droite torpiller ainsi les acquis (déjà fragiles) des travailleurs et travailleuses !

Lire le rapport de la commission de l’enseignement, de l’éducation, de la culture et du sport

Thématiques associées: Éducation et formation , Emploi

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