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Justice sociale : le compte n’y est pas

Le printemps genevois nous réserve désormais deux marronniers ; l’éclosion de la première feuille et l’annonce des centaines de millions d’excédents aux comptes. Alors que la majorité de droite avait coupé quelques 150 postes et des dizaines de millions dans le budget 2024 pour « ramener » le déficit à 48 millions, les comptes 2024 présentent finalement un excédent de… 541 millions de francs et ce, malgré une révision de la méthode d’estimations fiscales, censée être plus fidèle à la réalité.

Une nouvelle fois pris en flagrant délit de catastrophisme budgétaire, le Conseil d’État ne s’est pas démonté pour autant, réalisant même la prouesse de nous soutenir, la bouche en cœur, que le Canton n’avait pas de problème de recettes mais un problème de dépenses. Avec un excédent de 541 millions, il fallait quand même oser !

Alors que le Conseil d’État fustigeait, il y a quelques semaines encore, le vote par la droite des « lois Corsets » et le mécanisme consistant à corréler les dépenses de l’État à l’augmentation démographique, le voilà maintenant qui reprend cette rhétorique en s’appuyant sur une croissance plus importante des charges par rapport à la population entre 2019 et 2024 pour prétendre à un soi-disant « problème de dépenses ». Ce que s’est bien gardé de mentionner le Conseil d’État, c’est que le nombre de personnes ayant bénéficié de soins infirmiers via l’IMAD a augmenté deux fois plus vite que la population générale, le nombre d’élèves dans l’enseignement spécialisé près de trois fois plus vite et le nombre de personnes suivies par le service de protection de l’adulte a subi une hausse 4 fois plus importante. Le Conseil d’État ne s’est pas non plus appesanti sur les hausses de charges occasionnées par des décisions fédérales, votées par la majorité de droite, en faveur d’intérêts privés (comme par exemple les cliniques privées) au détriment des cantons.

En réalité, l’augmentation des charges, au regard des résultats aux comptes, n’est en aucune manière un « problème » mais illustre en revanche une détérioration rapide et inquiétante de la situation sociale, économique et sanitaire d’une partie de la population. Si nous avions voulu ne serait-ce que maintenir la qualité des prestations et des services publics, nous aurions dû augmenter bien plus massivement les dépenses de l’État dans les domaines de la formation, du social, de la santé, de l’aide à la personne ou de l’accès au logement. Le groupe socialiste s’engage pour défendre cette voix, dans les débats parlementaires et prochainement, en votation populaire sur les lois corsets.

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil

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