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Initiative pour des soins dentaires accessibles à toute la population

Savez-vous qu’en Suisse, près de 20 % de la population doit renoncer aux soins dentaires pour des questions de coût ? La raison est simple : les ménages doivent payer de leur poche la quasi-totalité de la facture dentaire. Devant des dépenses importantes, nombreux sont ceux et celles qui renoncent à se soigner.

Or, si les affections bucco-dentaires ne sont pas traitées de manière précoce, des complications sérieuses peuvent apparaître, soit localement, soit être la cause de problèmes de santé beaucoup plus graves.

Il est nécessaire de renforcer la prévention afin d’encourager les bonnes pratiques (contrôles réguliers, détartrages) dès le plus jeune âge ! Avec la création d’un service du médecin-dentiste cantonal, la politique cantonale de prévention sera coordonnée, cohérente et ambitieuse.

Un chèque annuel de 300 frs sera en plus octroyé aux bénéficiaires de subsides d’assurance-maladie qui ne touchent aucune autre aide, soit 26% de la population genevoise. Un sérieux coup de pouce pour la classe moyenne !


Les dents, miroir des inégalités sociales

Portrait de Philippe Morel

Philippe Morel est un dentiste pas comme les autres. Il n’a que peu exercé dans les cabinets privés, préférant travailler avec d’autres types de population (enfants, malades du sida, détenus). À l’heure de lancer notre initiative sur les soins dentaires, nous avons rencontré ce sympathisant du PS et lui avons demandé de revenir sur son parcours. Une rencontre qui confirme toute la pertinence de remettre la santé bucco-dentaire au cœur du débat politique et des enjeux de santé publique.

Récemment retraité, Philippe Morel aurait pu en profiter pour se reposer. Il en a été tout autrement. « Ma date de retraite coïncidait avec le début de la crise du covid et j’ai dû arrêter de travailler de façon prématurée. C’était très frustrant ». Mais quelques mois plus tard, le Service des écoles de la Ville de Lausanne le rappelle en renfort, tant la santé bucco-dentaire des élèves s’est dégradée avec le confinement. « Je n’avais jamais vu une telle prolifération de caries en 15 ans ! Avec le confinement, les enfants de familles précarisées ou en cours de précarisation ont été confrontés à la malbouffe, la sédentarité, l’inactivité, et ont développé des comportements dommageables pour leurs dents. »

En plus de la poursuite de cette activité, il exerce bénévolement depuis deux ans à la permanence de la Croix-Rouge genevoise. Contrairement aux idées reçues, il n’y traite pas que des personnes en situation de précarité. « J’ai comme patient-es des personnes qui travaillent mais qui peinent à financer les soins dentaires. ». La condition pour être soigné dans cette permanence est de rencontrer un-e conseiller-ère social-e de la Croix-Rouge qui évalue la situation personnelle de chaque patient-e. Les soins dentaires y sont abordables et d’excellente qualité.

Philippe Morel est scandalisé par l’état de santé bucco-dentaire de ses patient-es, trop souvent le reflet des inégalités sociales. Il aime rappeler que cette situation n’est pas une fatalité, et qu’elle ne prévaut pas depuis si longtemps ! Jusqu’à l’ère napoléonienne, les caries étaient un problème de riches : seules les personnes fortunées pouvaient se procurer du miel et du sucre de canne. Quand la betterave sucrière est apparue, faisant chuter le prix du sucre, la carie s’est popularisée chez les pauvres, tandis que les riches trouvaient de meilleures façons de se protéger des caries.

« Aujourd’hui les enfants sont assaillis par la publicité pour le sucre, et ceux des classes populaires ont moins la possibilité de s’en protéger. L’industrie du sucre a les mains sales. » Et d’évoquer la carte de la prévalence de la carie à Genève, par établissement scolaire. Les écoles dans lesquelles la prévalence des caries est plus élevée que la moyenne se trouvent dans les quartiers populaires :  la rive droite de la Ville de Genève, Meyrin ou Vernier… alors que d’autres communes sont les championnes des dents saines : Vandœuvres, Cologny ou Pregny-Chambésy… Ces différences flagrantes entre la santé dentaire des enfants des communes riches et des quartiers populaires démontrent à quel point la santé bucco-dentaire peut se transformer en un miroir des inégalités sociales.

Alors, comment préserver la santé bucco-dentaire de chacun-e ? « Je n’ai qu’une phrase : toujours la prévention… et vive les hygiénistes dentaires ! » nous dit Philippe Morel

Frédérique Bouchet
Ancienne secrétaire générale du PS genevois

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