Rencontre avec Sara Arsever, médecin à la tête de l’Unité de santé sexuelle et planning familial (USSPF) et cheffe de clinique aux Hôpitaux Universitaires de Genève, pour discuter des questions d’accès aux moyens de contraception, d’urgence ou de long terme.
Le coût d’accès est un enjeu très important en matière de contraception. L’USSPF, sollicitée en large majorité par des femmes, a constaté un renoncement à des moyens de contraception de longue durée, même chez celles qui disposent d’une ordonnance médicale. Les coûts de la pilule contraceptive oscillent entre CHF 6.- et CHF 50.- par mois ; certes plus bas que les méthodes de long terme comme les dispositifs intra-utérins ou les implants qui peuvent aller jusqu’à CHF 300.-. Mais aucune de ces méthodes n’est remboursée par l’assurance-maladie. La Doctoresse Arsever regrette qu’in fine, « les méthodes les plus sûres sont finalement celles auxquelles on renonce le plus, faute de moyens ». Ces tarifs conduisent donc souvent les Genevoises à se rendre en France voisine où le prix est bien moins cher.
Cette barrière financière concerne également la contraception d’urgence. Près de 1000 contraceptions de ce type sont délivrées par année par l’USSPF, dont plus de 80% à des jeunes femmes de moins de 20 ans, pour un prix de CHF 10.- À l’occasion de ces consultations, l’USSPF en profite pour faire de l’information, de l’accompagnement et du conseil psycho-social. Car l’accès à la contraception d’urgence reste problématique en Suisse, qu’il s’agisse de la pilule (qui coûte entre CHF 45.- et CHF 70.- en pharmacie ou auprès du médecin) ou de dispositifs intra-utérins (dont la pose peut aller jusqu’à CHF 160.-, sans compter le surcoût d’urgence).
Sara Arsever souligne donc deux constats :
La non-gratuité des méthodes contraceptives de long terme peut conduire à des (non)-choix augmentant le recours à la contraception d’urgence dont le coût reste quand même un problème ou à une grossesse non-désirée.
En termes d’inéquité de genre : les conséquences du comportement de deux personnes sont portées par une seule.
C’est pourquoi, une des pistes retenues par l’USSPF, avec le CMU, a été de lancer une étude sur la contraception testiculaire thermique. Car à l’exception du préservatif externe, aucune méthode de contraception réversible et sûre n’est à disposition des hommes dont bon nombre en font la demande afin d’assumer leur part de charge contraceptive.