L’initiative sur laquelle nous votons le 9 février demande que « La nature et sa capacité de renouvellement constituent les limites posées à l’économie nationale. Les activités économiques ne peuvent utiliser des ressources et émettre des polluants que dans la mesure où les bases naturelles de la vie sont conservées. La Confédération et les cantons assurent le respect de ce principe en tenant compte en particulier de l’acceptabilité sociale, en Suisse et à l’étranger, des mesures qu’ils adoptent.
La Confédération et les cantons veillent à ce que, au plus tard 10 ans après l’acceptation de l’article par le peuple et les cantons, l’impact environnemental découlant de la consommation en Suisse ne dépasse plus les limites planétaires, rapportées à la population de la Suisse. La présente disposition s’applique notamment au changement climatique, à la perte de la diversité biologique, à la consommation d’eau, à l’utilisation du sol et aux apports d’azote et de phosphore. »
Une proposition raisonnable
Une telle exigence devrait aller de soi, mais est présentée comme la fin de notre prospérité par toute la droite et une bonne partie des forces économiques, qui la qualifient d’irréaliste, de suicidaire, d’infaisable. Or c’est le contraire qui est vrai. Comment peut-on imaginer assurer la prospérité en ne respectant pas ce qui la rend possible ? L’économie se révèle incapable de s’inscrire dans les limites de notre planète – et la solution serait de les occulter?
Certes, il faudra un effort pour se caler, en dix ans, dans les limites planétaires, comme il faudra un effort pour réduire d’un facteur 2,5 notre empreinte écologique. Mais ne doit-on pas déjà le faire de par les lois existantes, par exemple celle adoptée en juin 2023 sur le climat ? Certes on parle de neutralité carbone pour 2040 ou 2050, et pas 2035, mais qui nous dit que les instabilités géopolitiques et climatiques nous laisseront tout ce temps pour changer de cap ?
Cela passera par l’optimisation technique, la sobriété, les énergies renouvelables et l’économie circulaire. Toutes choses riches en externalités positives et en emplois, mais dont la rentabilité financière, contrairement à leur rentabilité écologique et sociale, n’est pas assurée. Taxer – de manière socialement équitable – les externalités négatives et soutenir celles positives qu’un marché faussé ne parvient pas à rémunérer reste un enjeu clé.