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Manger plus pour maigrir : les idées farfelues de l’Assemblée fédérale

Matthieu Jotterand
Député au Grand Conseil, Chef de groupe — Mécanicien de locomotive

Afin de garder une planète vivable pour les prochaines générations, nous devons d’urgence réduire le trafic automobile, qu’il soit électrique ou non. De même, bien des localités croulent sous le trafic, à commencer par les plus grandes et celles qui se trouvent en bordure d’autoroute (et qui sont donc d’autant plus facilement accessibles).

Les solutions sont assez claires, il faut impérativement repenser nos besoins de mobilité et partager différemment l’espace et l’argent à disposition des modes de transport afin qu’un important report modal ait lieu, de la voiture aux transports publics et aux mobilités actives.

Les objectifs climatiques en matière de mobilité de la Confédération sont particulièrement timides et la courbe de leur réalisation est tout à fait décevante. Le besoin d’investissements dans le rail, lui, est immense.

Vous êtes donc au bord du gouffre climatique et vous avez un report modal massif à financer ? Toute personne sensée s’y attèlerait immédiatement pour éviter la chute. Le Parlement, quant à sa part, souhaite dépenser pas moins de 5,3 milliards de francs pour se rapprocher du gouffre !

Il est particulièrement frappant de constater que ce gigantesque paquet propose des extensions à six (voire huit voies !) de tronçons autoroutiers saturés. Dans d’autres pays, certaines autoroutes ont près d’une dizaine de voies dans chaque sens et sont toujours saturées : voilà un indice qui aurait pu mettre la majorité fédérale sur la piste que l’élargissement au coût exorbitant des autoroutes n’est peut-être pas la panacée…

Afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre et atteindre les objectifs climatiques, nous devons impérativement réduire notre appétit insatiable pour la mobilité et en particulier baisser drastiquement les kilomètres parcourus en voiture individuelle.

Au niveau local aussi, cette baisse est une nécessité. Un argument avancé en faveur du paquet financier en question serait la réduction de la congestion automobile dans les localités aux sorties de celles-ci. Voilà une fausse bonne idée : il est prouvé que l’augmentation de l’offre augmente le trafic, qui ne fait évidemment pas un trajet uniquement d’une entrée ou d’une aire d’autoroute à une sortie, en s’arrêtant au premier rond-point. Ces voitures se déversent ensuite dans les agglomérations et péjorent d’autant la qualité de vie des habitant-es.

Genève est déjà étouffée par un trop-plein de voitures, il est donc insensé de proposer un apport supplémentaire de véhicules dans notre agglomération. Le texte ne concerne bien sûr pas que Genève mais les mêmes dynamiques sont à l’œuvre ailleurs.

Que ce soit pour le climat ou pour la qualité de vie locale, ces 5,3 milliards de francs doivent impérativement être utilisés autrement ! C’est pour toutes ces raisons que le PS a soutenu le référendum « Contre de nouvelles autoroutes nocives, inutiles et coûteuses » qui vient d’aboutir. Il faudra à présent transformer l’essai lors du passage en votation.

Thématiques associées: Mobilité

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