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Ne prenons pas l’autoroute à contre-sens

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil

Dans les années soixante, nos ainé-es ont pris une décision qui, aujourd’hui, nous parait absurde et lourde de conséquences : arracher les lignes de tram pour faire de la place à la voiture. Cependant, nous devons leur reconnaitre des circonstances atténuantes. D’abord parce que la première véritable prise de conscience des conséquences du dérèglement climatique n’a émergé qu’une décennie plus tard, avec la publication des travaux du Club de Rome. Ensuite, parce qu’il est difficile de leur reprocher de n’avoir pas anticipé la formidable croissance démographique qu’a connue notre région au cours des 60 dernières années, rendant profondément dystopique le mythe du « tout-voiture ».

Maintenant, réfléchissons à ce que penseront nos enfants et petits-enfants, dans 60 ans, si nous commettons l’erreur d’approuver, ce dimanche, le projet d’extension des autoroutes. Imaginons la sévérité de leur jugement lorsque, confrontés aux dévastatrices conséquences de l’effondrement écologique, ils réaliseront qu’en 2024, en contradiction flagrante avec les objectifs de réduction des gaz à effet de serre fixés dans la loi fédérale et les plans climats cantonaux, nous avons décidé d’augmenter les capacités autoroutières. Une décision radicalement climaticide.

Et cette fois, nous n’aurons aucune excuse. Car les réalités du dérèglement climatique et leurs conséquences dévastatrices, nous les connaissons pertinemment. Nous savons que l’élargissement des autoroutes va aggraver le problème en augmentant les émissions de gaz à effet de serre et la pollution locale. Nous savons que cela causera d’importantes nuisances pour les riverain-es, détruira des zones agricoles et des espaces naturels, et générera un effet d’entonnoir, amplifiant les bouchons à l’entrée et dans les agglomérations. Enfin, nous savons que cette mesure aux coûts exorbitants ne résoudra en rien les problèmes d’engorgement des autoroutes, car ces nouvelles infrastructures stimuleront un trafic supplémentaire. Tout cela figure noir sur blanc dans le rapport d’étude menée par l’Office fédéral des routes. Contrairement à ce que prétendent nos opposant-es, ces éléments ne relèvent pas du dogme, mais des faits étayés, et démontrent toute l’absurdité de ce projet.

Face aux conséquences profondes et durables de ces extensions autoroutières et compte tenu d’un vote qui s’annonce très serré, nous devons profiter de ces derniers jours de campagne pour mobiliser ami-es, familles, collègues, voisin-es. Ensemble, faisons barrage à ce projet qui met en péril la viabilité de notre planète et compromet l’avenir de nos enfants et petits-enfants.

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