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Pour un droit fondamental à la mobilité

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil, cheffe de groupe — Secrétaire générale du Groupement des coopératives d'habitation genevoises

Bien loin d’un choix superflu dont nous pourrions aisément nous passer, la mobilité est incontestablement un besoin. Comme nous avons besoin de nous nourrir pour survivre, comme nous avons besoin d’un logement pour construire notre vie professionnelle et familiale, comme nous avons besoin de nous soigner pour rester en bonne santé, nous avons besoin de nous déplacer pour gagner notre vie et cultiver notre vie sociale. 

Même si certains impératifs, notamment environnementaux, nous amènent aujourd’hui à repenser la ville pour réduire le nombre et la distance de nos déplacements (principe de la « ville au quart d’heure »), nous sommes et resterons des animaux sociaux qui ont besoin de se rencontrer, et pour se rencontrer, se déplacer.  Si on admet que la mobilité est un besoin fondamental, elle doit dès lors devenir un droit fondamental. Et pour remplir sa mission de protection des droits fondamentaux, l’État doit intervenir pour en garantir l’accès. 

C’est dans cette logique que le Parti socialiste a déposé, lorsque les prix des carburants ont commencé à flamber il y a quelques mois, un projet de loi qui propose de diviser par deux les tarifs des transports publics tant que le coût du litre d’essence dépasse 1,80 franc. Certain-es nous ont objecté que ce projet était inutile car la hausse des prix des carburants encourageait naturellement à se reporter sur les transports publics. C’était mal comprendre l’objectif premier de notre projet de loi. En effet, ce projet, largement inspiré de mesures similaires éprouvées dans d’autres pays, n’avait pas pour principal but de profiter de cette crise pour encourager le transfert modal de la voiture vers les bus, même si cet effet collatéral n’aurait pas été pour nous déplaire.  Notre objectif premier était de soutenir le pouvoir d’achat des ménages, comme nous l’avons fait avec les projets de loi en faveur d’une allocation « pour charges excessives » et d’une allocation « fin de mois », mais cette fois-ci dans le domaine des transports en offrant à la population un moyen de déplacement meilleur marché. Un projet de loi qui a malheureusement été refusé la semaine dernière par la plénière du Grand Conseil. 

Mais finalement, ce projet de loi n’était qu’une étape vers une meilleure accessibilité des transports. La finalité de notre démarche sera la défense de l’initiative lancée par les jeunesses de gauche en faveur de la gratuité des transports publics. Une gratuité qui permettra incontestablement de favoriser une mobilité plus durable. Mais aussi une gratuité qui permettra de faire des transports collectifs un véritable service public universel et accessible à toutes et tous ; pour instaurer une égalité dans les possibilités de déplacement, pour répondre aux besoins de transports des habitant-e-s de notre canton, pour garantir enfin, un droit à la mobilité. 

Thématiques associées: Mobilité

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