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Trafic aérien: un retour à la normale n’est pas possible!

Christian Dandrès
Conseiller national — Président du syndicat SSP-VPOD

La Direction de l’Aéroport annonçait cette semaine une timide reprise du trafic aérien, le nombre de passager-ère-s ayant passé la barre des 65’000 en juin. Elle espère atteindre d’ici à 2023 les chiffres d’avant la crise.

Si un soutien au trafic aérien est aujourd’hui nécessaire, les objectifs environnementaux doivent être respectés. Avant la crise, celui-ci était à l’origine de 19% de l’impact climatique en Suisse. Un retour à la normale n’est donc pas possible.

Le trafic aérien revêt une importance systémique, en particulier pour Genève et le bassin lémanique. La Genève internationale, académique – CERN notamment – et les entreprises internationales en dépendent. Un tiers des exportations quitte la Suisse par fret aérien, tandis que 1/6ème des importations arrive par ce moyen.

L’Assemblée fédérale a donc adopté, en mai, des crédits d’engagement pour soutenir ce secteur. Le Groupe socialiste s’est montré très actif pour conditionner ces aides au respect d’engagements environnementaux et sociaux, en proposant notamment des mesures de réduction des vols internes, l’interdiction des licenciements pour les entreprises aidées durant cette période, l’instauration d’un salaire minimum de branche de CHF 4’000.-.

Ce soutien était nécessaire pour éviter une catastrophe économique et sociale. Ne rien faire et laisser les entreprises tomber en faillite n’est pas une politique climatique. Les enjeux climatiques et sociaux ne peuvent toutefois pas être sacrifiés au profit de la marche des affaires.

Il est ainsi d’ores et déjà possible d’exiger des compagnies aériennes qu’elles limitent leurs vols intérieurs de transfert vers le hub de Zurich et leurs vols vers des villes européennes situées à moins de trois heures de train, comme l’a fait la France.

D’ici à l’horizon 2030, des alternatives à l’avion, principalement le trafic ferroviaire, doivent être créées pour supprimer les vols de courtes distances et réduire drastiquement les longs courriers.

Pour ne pas retarder ce processus, c’est aujourd’hui qu’il faut adopter un plan d’action et prévoir ces alternatives en particulier dans les conventions conclues avec les entreprises de transports publics.

Cet objectif environnemental nécessite un engagement politique radical. En effet, le trafic de marchandises et de personnes découle du mode actuel de production. Préserver l’environnement signifie remettre en cause ces fondamentaux économiques et inscrire la mobilité dans une perspective de satisfaction des véritables besoins et de respect des équilibres écologiques de la planète.

Thématiques associées: Environnement, énergie et agriculture

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