Marta est née à l’étranger et est issue d’un milieu socio-économique défavorisé. Elle n’a pas eu l’opportunité de se former ou d’effectuer des études. Elle a dû travailler dès la fin de sa scolarité, passant de petits jobs en petits jobs. Il y a quelques années, dans l’espoir d’une vie meilleure et plus stable, elle est venue à Genève chercher un travail.
Grâce à l’aide de son réseau, elle a pu décrocher un emploi dans une entreprise de nettoyage. Si cette opportunité lui a permis d’améliorer ses conditions de vie et de s’insérer sur le marché du travail en Suisse, Marta a vite déchanté. Dès les premiers mois d’activité, elle s’est rendue à l’évidence que les conditions de travail étaient éprouvantes.
Marta travaille assidûment plus de 40 heures par semaine. Elle effectue des horaires irréguliers et doit être disponible tous les jours, y compris les week-ends. Le nombre de chambres à nettoyer par tranche horaire est fixé par l’entreprise de nettoyage. Cet objectif, irréaliste, est d’autant plus difficile à atteindre lorsque les chambres sont sales. Plusieurs fois par semaine, Marta termine le nettoyage des chambres en dehors des heures de travail imparties. Cela représente en moyenne cinq heures de travail hebdomadaires non payées. Pourtant, Marta est très rapide, organisée et efficiente dans son travail, tout comme ses collègues qui sont confrontées à la même difficulté. Par crainte d’être licenciées, et sans autres alternatives professionnelles, Marta et ses collègues se plient en quatre, usées physiquement par des tâches qui mettent les corps à rude épreuve dans un contexte de fortes pressions psychologiques.
Marta gagne 3’600 Frs brut par mois (13ème salaire compris). Mère célibataire, les frais de garde pour son fils sont élevés, car elle doit solliciter de l’aide en dehors des horaires d’ouverture de la crèche, tôt le matin, les jours fériés et les week-ends. Son loyer et ses autres charges mensuelles pèsent lourdement sur ses faibles ressources financières. Pour subvenir à son entretien, elle doit recourir à des aides publiques. Pourtant, Marta travaille à 100%.
Accepter l’initiative populaire « 23 frs, c’est un minimum » pour un salaire minimum légal à Genève le 27 septembre est indispensable pour permettre à des dizaines de milliers de personnes, notamment des femmes surreprésentées dans les secteurs économiques les plus précaires et les moins bien rémunérés, d’améliorer leur situation globale, de cotiser davantage pour leur retraite et de parvenir à vivre plus décemment de leur travail.
Dire oui, c’est encourager une plus juste redistribution des richesses, lutter contre les salaires au rabais, renforcer le droit du travail, soutenir ceux et celles qui offrent des services nécessaires à la collectivité au prix de conditions de travail et de vie difficiles. Dire oui, c’est octroyer davantage de reconnaissance à une main-d’œuvre indispensable qui s’use et sue sans parvenir à joindre les deux bouts.
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