Le PS genevois annonce le dépôt d’un projet de loi visant à interdire la scolarisation d’enfants à l’intérieur d’un centre d’asile. Face à une mesure inacceptable de ségrégation scolaire annoncée par le Conseil d’État, les Socialistes réaffirment leur engagement en faveur d’une école inclusive et du respect des droits fondamentaux de chaque enfant.
La semaine dernière, le Conseil d’État annonçait que les enfants qui seront accueillis dans le Centre Fédéral d’Asile (CFA) du Grand-Saconnex seront scolarisés au sein même du centre, plutôt que dans les écoles publiques genevoises. Pour mémoire, le PS, aux côtés de nombreux acteurs de la société civile et même d’une majorité du Grand Conseil, s’était opposé à la construction de ce centre – hélas en vain.
Justifiée par un manque de places prétendument insurmontable et par la durée limitée des séjours de ces enfants, cette mise à l’écart est inacceptable et indéfendable. Aujourd’hui, en 2025, dans l’une des villes les plus riches du monde, à quelques encablures du siège des plus grandes organisations internationales, sur la terre qui a donné son nom à la première déclaration des droits de l’enfant adoptée en 1923, des enfants vont être privés de leur droit fondamental à une éducation digne, de qualité, dans un cadre inclusif et non discriminatoire.
Le Conseil d’État choisit délibérément de les isoler, de les enfermer dans un centre aux conditions semi-carcérales, soumis à un niveau de bruit extrême, loin des autres enfants, loin de la société. Une école à part, une scolarisation de seconde zone, pour des enfants dont la seule faute aura été de naître au mauvais endroit, au mauvais moment. Comment tolérer une telle injustice ?
Ce choix politique va à l’encontre de tous nos principes : il viole les engagements internationaux de la Suisse, notamment la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et la convention de l’UNESCO contre la discrimination dans l’éducation. Il brise le droit de ces enfants à apprendre, à s’épanouir, à s’intégrer. Il alimente la marginalisation, l’exclusion et l’invisibilisation de celles et ceux qui fuient la misère et les violences, parfois au péril de leur vie, en rêvant d’un avenir meilleur pour leurs enfants.
Face à cette réalité, l’argument du manque de place ne tient pas. Des solutions existent, elles doivent être mises en œuvre. Ce n’est pas aux enfants de payer le prix d’une politique migratoire restrictive et déshumanisante, ni d’un manque d’anticipation de nos autorités (l’ouverture du centre est connue depuis des années).
Relayant le cri d’alarme lancé par les syndicats, les associations de défense des droits humains et de nombreux autres acteurs de la société civile, le PS genevois dépose ainsi un projet de loi et une résolution pour empêcher formellement cette ségrégation honteuse et garantir aux enfants requérants d’asile un accueil digne et respectueux de leurs besoins.
Nous en appelons à la responsabilité de toutes et tous les membres du Grand Conseil : ne nous rendons pas complices du rejet et de l’exclusion. Au nom des valeurs qui nous lient, au nom de nos engagements internationaux et plus fondamentalement au nom de notre humanité commune, rendons à ces enfants ce qui leur revient : une place dans nos écoles, une place dans la société.
Pour plus d’informations :
- Caroline Marti, députée et autrice du projet de loi et de la résolution
- Matthieu Jotterand, chef du groupe socialiste au Grand Conseil
- Thomas Wenger, président du PS genevois