 
    Le camp bourgeois (PLR, UDC, Le Centre), soutenu par ses allié-es populistes (MCG, LJS), a fait voter un projet de loi autorisant les employeur-euses à déroger au salaire minimum pour les jobs étudiants, jusqu’à deux mois par an. Le PS genevois dénonce une nouvelle attaque inacceptable de la droite contre les droits des travailleur-euses et la combattra dans les urnes.
Le 27 septembre 2020, les Genevois-es plébiscitaient à près de 60% l’introduction d’un salaire minimum cantonal. Il n’avait alors pas fallu trois mois aux représentant-es des milieux économiques à Berne pour déposer une motion visant à empêcher sa mise en œuvre.
Alors que le projet de loi né de cette «motion Ettlin» (du nom de son auteur centriste) vient de passer la rampe au Conseil national et pourrait être votée avant la fin de l’année, à Genève, la droite prend les devants et entame dès maintenant le détricotage du salaire minimum.
C’est ainsi à 64 voix contre 30 qu’UDC, PLR, Centre, LJS et MCG ont ouvert la voie à une rémunération 25% inférieure pour les emplois exercés par des personnes en formation, quel que soit leur âge, pendant les vacances scolaires ou universitaires, et ce jusqu’à 60 jours par année civile.
Vous avez dit précarité étudiante ?
La droite prétend que l’introduction du salaire minimum aurait engendré une baisse du nombre de «jobs d’été». Elle s’est pourtant montrée bien incapable d’en apporter la moindre preuve sérieuse. A l’inverse, la précarité étudiante, elle, est bien documentée.
La pandémie, qui a frappé de plein fouet les personnes en formation, a mis en exergue leur grande vulnérabilité économique. Leur assurer une rémunération digne, c’est donc leur offrir la possibilité d’une autonomie financière, dans leur intérêt mais aussi celui de la collectivité. Amputer leur salaire d’un quart comme le propose cette loi revient à plonger des milliers d’étudiant-es dans la précarité. Ce que ne paieront plus les entreprises demain, c’est l’État qui devra alors le payer.
Pourtant, la droite refuse à la jeunesse ce qu’elle-même qualifie de «socle de dignité salariale»1. Et comme si cela ne suffisait pas, elle vote en parallèle l’augmentation des taxes de scolarité…
Après les étudiant-es, à qui le tour ?
Derrière ces votes, il y a une vision tronquée de la réalité, dans laquelle les étudiant-es ne travailleraient que pour se constituer «de l’argent de poche» ou «se payer un voyage» (sic). Cette méconnaissance crasse de la précarité étudiante est symptomatique d’une droite engoncée dans ses privilèges et aveugle aux mécanismes de la reproduction sociale.
Mais ne nous y trompons pas: derrière les étudiant-es, ce sont bien l’ensemble des travailleur-euses qui sont dans le viseur. Car les «petits boulots» dont il est question sont souvent des travaux pénibles et peu qualifiés – ceux-là même que le salaire minimum doit protéger!
Autoriser une rémunération de ces postes inférieure pour certain-es travailleur-euses, c’est monter les uns et les unes contre les autres et favoriser sans vergogne la sous-enchère salariale, au seul bénéfice du patronat.
Défendre un acquis de haute lutte
La création de facto d’une nouvelle catégorie d’emplois exemptés du salaire minimum constitue un «pied dans la porte» inacceptable. Il ne s’agit de rien de moins que la remise en cause du principe même du salaire minimum, outil fondamental de lutte contre la pauvreté.
Les Socialistes en sont convaincu-es: c’est la valeur du travail qui doit déterminer le salaire. Tout travail mérite salaire et tout salaire doit être juste, décent et permettre de vivre dignement. Elles et ils réaffirmeront haut et fort ce principe élémentaire dans le cadre du référendum auquel cette loi inique sera prochainement soumise.
Pour plus d’informations :
- Romain de Sainte Marie, député socialiste et auteur du rapport de minorité
- Matthieu Jotterand, chef du groupe socialiste au Grand Conseil
- Thomas Wenger, député socialiste et président du PS genevois
 
         
        