Les syndicats, avec la gauche et les associations professionnelles du secteur, lancent un référendum contre une modification de la loi sur l’accueil préscolaire, qui démantèle les conditions de travail et de salaire du personnel. Ce n’est pas en rendant les conditions de travail encore moins attractives que l’on résoudra la pénurie de personnel et de places en crèches.
Attaque sur les conditions de travail
Les syndicats et associations professionnelles ont mis des années pour instaurer des conventions collectives de travail, (et des statuts municipaux équivalents) et permettre l’édiction des usages professionnels, qui doivent être respectés par l’ensemble des structures du domaine de la petite enfance. Il s’agit de conditions de travail minimales comprenant la durée du travail, un temps de préparation d’au moins 4 heures, une grille salariale, etc. Un garde-fou indispensable face à quelques crèches privées, qui refusent toutes formes de subventions et mènent la fronde pour démanteler les mécanismes de régulation du marché du travail. La majorité politique du Grand Conseil vient de voter la suppression de l’obligation d’appliquer les usages professionnels du domaine. Il suffirait dorénavant de respecter le salaire minimum pour qu’une structure soit autorisée à fonctionner.
Une brèche dangereuse sur la qualité de l’accueil
Si cette modification légale passe, cela impactera le personnel de toutes les crèches, jardins d’enfants et garderies du canton, qu’elles soient privées, subventionnées ou municipalisées. Cela ouvrirait une brèche pour s’attaquer à la qualité de l’accueil et aux conditions de travail aujourd’hui protégées.
Et la relève ?
Pour garantir la qualité de l’accueil dans les crèches, les enfants ont droit à du personnel formé et correctement rémunéré. La seule référence au respect du salaire minimum (24 frs/heure en 2023) ne permettra pas de rendre ces professions attractives et d’avoir du personnel à même de répondre aux défis pédagogiques actuels (égalité des chances, soutien à la parentalité, enfants avec des besoins particuliers, etc.). Démanteler les conditions de travail dans les crèches empêchera de trouver la relève d’éducateurs et d’éducatrices de l’enfance, qui fait tellement défaut, et rendra encore plus difficile la création de nouvelles places d’accueil. La solution passe au contraire par un investissement plus important des collectivités publiques pour créer de nouvelles places et permettre aux mères de se maintenir en emploi.
Mépris du personnel majoritairement féminin
Au lendemain de la grève féministe du 14 juin, ce vote du Grand Conseil est une forme de mépris pour le personnel de l’accueil préscolaire, composé essentiellement de femmes au bénéfice d’un CFC ASE ou d’une formation tertiaire d’éducateurs-trices de l’enfance. Après plusieurs années de formation, travailler au salaire minimum, non merci !
Après les crèches… à qui le tour ?!
Par ailleurs, c’est la première fois que la majorité de droite ose s’attaquer à un mécanisme de régulation du marché du travail en autorisant quelques entreprises à s’affranchir des règles qui s’appliquent à d’autres. Après les crèches, à qui sera-ce le tour ? Cette « autorisation de sous-enchère » constituerait un dangereux précédent pour l’ensemble de l’économie, à laquelle il faut impérativement s’opposer.
Les organisations qui soutiennent le référendum : SIT, SSP, SEV, Cartel intersyndical du personnel de l’Etat, Unia, CGAS, PS, Solidarités, Vert-es, UP, PdT, DAL, Grève féministe, Pro enfance, AIPE, FGIPE, ACIPEG, AGEDE…
5479 signatures doivent être déposées d’ici au 11 septembre 2023.
Pour plus d’informations :
- Valérie Buchs, SIT
- Davide De Filippo, CGAS
- Martine Saillant, SSP – VPOD groupe petite enfance
- Sophie Demaurex, Parti socialiste
- Guillaume Thion, SolidaritéS
- Valentin Dujoux, les Vert-e-s
- Pablo Cruchon, Union populaire
- Françoise Nyffeler, Collectif de la grève féministe Genève