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octobre, journée sinistre à plus d’un titre: le Grand Conseil vient de
refuser deux initiatives clefs pour Genève. Les initiatives « zér0
pertes » et « 23 frs, c’est un minimum » permettraient de préserver la
population de la sous-enchère fiscale, conséquence de la mise en œuvre
de la RFFA, et du dumping social grandissant, résultat d’un marché du
travail libéralisé à outrance. L’Alternative (Socialistes, Ensemble à
gauche, les Verts) et les syndicats dénoncent le choix d’une droite
clientéliste qui ne défend qu’une minorité de privilégié-e-s. Nous
entendons bien convaincre la population, en votation, de la nécessité de
ces mesures pour Genève.
L’initiative « zér0 pertes : Garantir les ressources publiques, les prestations et la création d’emplois »
vise à inscrire dans la Constitution genevoise les principes suivants :
l’action de l’Etat en faveur d’une réduction de la concurrence fiscale
intercantonale, la préservation du financement des services publics et
des prestations à la population, le maintien du niveau des recettes
fiscales et le renforcement de la progressivité de l’impôt. Alors que la
majorité de droite vient de les balayer, ces principes tiennent
pourtant de l’évidence. Sans lutte contre la concurrence fiscale
intercantonale, le risque est élevé que les cantons s’alignent
progressivement sur les régimes fiscaux les moins redistributeurs et les
plus antisociaux, au profit d’une poignée de privilégié-e-s et aux
dépens de l’intérêt de la majorité de la population. Inscrire en toutes
lettres le maintien du niveau des recettes fiscales dans la Constitution
permettrait très concrètement de prévenir ce risque à Genève, tandis
que le renforcement de la progressivité de l’impôt assurerait une
meilleure redistribution des richesses, dans un canton où les écarts ne
font que se creuser. Et les prévisions sont alarmantes : la mise en
œuvre de la réforme de la fiscalité des entreprises (RFFA) fait enfler
le déficit du canton, qui se monte à près de 600 millions pour la seule
année 2020. Les coupes dans les prestations à la population sont à
craindre et ne manqueront pas de se déployer ces prochaines années si
rien n’est fait. Dans ce contexte, il est indispensable d’inscrire dans
la Constitution le principe de la préservation du financement des
services publics et des prestations à la population. A l’heure de
l’explosion des inégalités, il semble raisonnable d’exiger de l’Etat
qu’il joue son rôle de redistribution des richesses grâce à des services
publics forts, accessibles à toutes et tous.
L’initiative « 23 frs, c’est un minimum! »
a également été rejetée par la même majorité de droite du Grand
Conseil, insensible au fait que de nombreux travailleurs-euses ne
parviennent plus à gagner décemment leur vie à l’heure où les primes
maladie et les loyers atteignent des sommets. L’initiative, lancée par
les syndicats et les partis de l’Alternative au printemps 2018, vise à
lutter contre cette précarité en introduisant un salaire minimum de 4086
frs pour un plein temps de 41 heures hebdomadaire, soit 23 francs par
heure. Dans une des villes les plus chères et les plus riches du monde,
il est inacceptable que près de 10% des travailleurs-euses gagnent un
salaire inférieur à ce montant. Même en travaillant à plein temps, de
nombreuses personnes n’arrivent pas à joindre les deux bouts et sont
contraintes de recourir à des aides sociales pour survivre parce que
leur employeur refuse de leur verser un salaire décent. L’introduction
d’un salaire minimum légal permettra donc de réduire les dépenses
sociales de l’Etat en mettant les employeurs face à leur responsabilité
de payer des salaires conforme à la réalité économique du canton. De
plus, parce que deux tiers des travailleurs-euses directement
concerné-e-s sont des femmes, le salaire minimum légal contribuera à
faire progresser l’égalité dans les faits. Globalement, alors que
d’aucun-e-s tentent de rejeter la responsabilité de cette précarité sur
les travailleurs-euses eux-elles mêmes, en particulier sur les
étrangers-ères et les frontaliers-ères, l’introduction d’un salaire
minimum légal permettra de lutter contre la pauvreté découlant du
travail mal rémunéré, en agissant sur les véritables responsables de
cette précarité : les patrons qui se livrent à la sous-enchère
salariale. A l’instar des cantons de Neuchâtel, du Jura et du Tessin, il
est temps que Genève se dote d’un salaire minimum légal! Tout travail
mérite salaire. Tout salaire devrait permettre d’en vivre. Contre la
précarité, les syndicats et les partis de l’Alternative sont plus prêts
que jamais à mener cette campagne.
Pour plus d’informations:
Thomas Wenger, député socialiste et chef de groupe, 079 476 69 45
Jocelyne Haller, députée EàG et cheffe de groupe, 076 382 01 82
Pierre Eckert, député Vert et chef de groupe, 079 598 24 00
Manuela Cattani, CGAS-SIT, 079 292 84 90
Alessandro Pelizzari, CGAS-UNIA, 079 817 29 04