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Pour une assurance-maladie sociale

Florian Schweri
Conseiller municipal suppléant en Ville de Genève — Juriste

355’049, c’est le nombre de personnes mises aux poursuites par les assurances-maladie en 2022 ! Sans compter celles déjà poursuivies les années précédentes et dont les dettes ne sont pas encore réglées. Certains cantons tiennent même des listes noires pour refuser des soins aux personnes insolvables.

Les primes-maladie sont une préoccupation majeure de la population, tout le monde peut s’en rendre compte. Le problème vient du fait que les primes actuelles n’ont aucun lien avec ce que les gens peuvent réellement sortir de leur porte-monnaie. Pour que l’assurance-maladie puisse réellement jouer son rôle – essentiel – de filet social, il est donc indispensable de mettre son mode de financement en adéquation avec la capacité financière réelle des gens. A l’inverse, les fausses idées de la droite comme l’augmentation des franchises ne feraient qu’accroître le problème.

Au-delà des subsides qui, bien qu’essentiels, ne font que subventionner des caisses privées, il faut revoir le mode de perception des primes et passer à une cotisation proportionnelle au revenu. Une rapide comparaison montre que cela est tout à fait faisable : en 2022, le total des primes se montait à 33,1 milliards de francs. Dans le même temps, les cotisations AVS ont rapporté 36,3 milliards. On voit donc qu’une cotisation identique à l’AVS – 4,35% pour l’employé et autant pour l’employeur – permettrait de financer la totalité des primes. Or, aujourd’hui, de très nombreuses personnes y consacrent bien plus que 4,35% de leur revenu.

Sans minimiser certaines difficultés que de petites entreprises pourraient éprouver à l’idée de participer à ce financement, il faut rappeler deux aspects. D’une part, le fait d’exercer une activité professionnelle peut générer de la maladie, preuve en est par exemple le nombre de burnout. D’autre part, le secteur économique bénéficie très largement du système de santé puisqu’une population bien portante est apte à travailler. On peut encore relever que le mode de financement paritaire est bien accepté dans toutes les autres assurances sociales.

Au-delà des comptes, il s’agit de valeurs. Se maintenir en bonne santé est un besoin vital qui doit être garanti à tout le monde, indépendamment de sa situation économique et sans transiger sur la qualité des soins. Des modes de financement éprouvés existent ; c’est une question de volonté politique que de les mettre en œuvre. Car la santé à multiples vitesses où les riches sont soigné-es et les pauvres non n’est pas un projet de société !

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